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Parc carcéral et conditions matérielles

La Belgique compte 36 établissements pénitentiaires, pour une capacité d’accueil de 9 021 détenus. 

Les établissements se divisent en deux catégories : les maisons d’arrêt accueillent les personnes prévenues, et les maisons de peine les condamnées. De nombreux établissements hébergent, de fait, les deux populations.

Le plus petit établissement, celui de Tongres, comporte, en 2016, 25 cellules et accueille en moyenne 21 personnes. Le plus grand, celui de Lantin, dispose, la même année, de 694 cellules pour une moyenne de 905 détenus (derniers chiffres publiés).

Un système carcéral en expansion, une mauvaise solution

Les anciennes prisons sont majoritairement situées au cœur des villes. Les nouvelles, construites dans les années quatre-vingt-dix, se situent soit en périphérie, soit en zone rurale. L’accès aux nouveaux établissements est rendu plus difficile pour les personnels, les visiteurs, les familles et les avocats.

Depuis 2008, le parc immobilier est soumis, à des “Masterplans” successifs. Les nouveaux établissements construits en partenariats public-privé (PPP) présentent des infrastructures contemporaines, bloc toilette-douche séparé, ordinateur et téléphone dans chaque cellule. Ils sont également présentés comme le remède à la surpopulation endémique. 

Le plus gros projet en cours concerne une méga prison, à Haren, au nord de Bruxelles. Cet établissement devrait compter 1 190 cellules. Aucun document n’atteste clairement du choix de la construction d’un tel établissement, encore moins de ses raisons. Ce projet serait réalisé en PPP. Un consortium d’entreprises construirait les murs et en assurait la maintenance pendant 25 ans. L’Etat commencerait à honorer les loyers à l’entrée du premier détenu. Le coût du projet est évalué, par les associations, à trois milliards d’euros sur 25 ans.

Des collectifs citoyens, des associations -dont l’OIP- et des professionnels de la justice s’opposent à ce projet. Tous les recours introduits ont été rejetés (juin 2019). L’établissement devrait ouvrir ses portes en 2020.

Conditions de vie matérielles

La plupart des cellules du système carcéral belge présentent une superficie allant de 9 à 12 m². Si cette surface est jugée acceptable dans le cas d’une cellule occupée par un seul détenu, il n’en va pas de même lorsque deux, voire trois détenus l’habitent. Or, la surpopulation carcérale belge est telle que cette exception devient la norme. Les surfaces minimales par détenu ne sont, dans les faits, pas respectées. 

Il arrive fréquemment que des prisonniers dorment sur un matelas posé au sol. Le mobilier de la cellule (tables, chaises) n’est pas prévu pour le nombre de détenus qui l’occupent.

Salubrité et hygiène

De manière générale, les conditions de salubrité et d’hygiène, ne se sont pas du tout améliorées ces dernières années et la majorité des lieux de détention belges ne sont toujours pas conformes aux règles d’hygiène et de sécurité les plus élémentaires.

Les Commissions de surveillance déplorent, dans leurs rapports respectifs, les conditions d’hygiène déficientes, la vétusté des bâtiments, l’état du mobilier et des installations sanitaires à l’origine d’infections cutanées et de problèmes respiratoires.

L’hygiène dépend en partie de la vétusté des bâtiments. Les détenus des prisons les plus vétustes (Forest, Saint-Gilles, Berkendael, Tournai, Marneffe et Jamioulx) se plaignent fréquemment de l’accès difficile aux douches. Il est limité à deux fois par semaine, en période de canicule également. Les prisons récentes, Marche, Leuze et Beveren, sont mieux équipées : les douches sont accessibles à certains moments de la journée.

Les toilettes ne sont pas, dans la plupart des prisons, séparées du reste de la cellule par une cloison. Certaines cellules, notamment des prisons de Forest et d’Anvers, ne sont pas équipées de toilettes et d’arrivées d’eau. Les détenus disposent d’un seau hygiénique pour satisfaire leurs besoins.

Des cafards et des rats sont présents dans les cuisines et les cellules des anciennes prisons (Forest, Lantin, Saint-Gilles, Anvers). 

Bâtiments lépreux, peinture écaillée, murs lézardés, moisissures font le quotidien de la détention.

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