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L’une des premières fermes bio de Belgique apparait aujourd’hui menacée par un projet d’extension de l’établissement pénitentiaire de Lantin.​​

En effet, il est prévu de construire​​ sur le même site un nouvel établissement pénitentiaire avec une section de haute sécurité. Ce sont 15 à 20% des 44 hectares de terres qui pourraient être amenés à disparaitre1.​​ 

Les gestionnaires de la ferme de l’Arbre sont conscients des problèmes que rencontre la prison de Lantin.​​

D’un côté, la question de la surpopulation.​​

En Belgique, le taux moyen de surpopulation à la fin 2015 était de 10,10% et la prison de Lantin fait partie des prisons les plus surpeuplées de Belgique avec un taux​​ supérieur à 30%. La surpopulation s’explique en partie par le fait que si la séparation prévenus/condamnés est prévue légalement elle ne reste que « souvent théorique puisque les ailes réservées aux condamnés accueillent des prévenus en raison de la surpopulation des maisons d’arrêt et vice versa »2, à tel point que certains détenus nouvellement incarcérés se sont parfois retrouvés au cachot (parfois même en duo) par manque de place.​​ 

Les bébés eux-mêmes sont parfois victimes de la surpopulation car si théoriquement, « trois enfants peuvent être accueillis simultanément à Lantin en pratique, ce nombre​​ est largement dépassé. Lorsque les cellules adaptées sont occupées, l’enfant et la mère en « surnombre » se retrouvent dans une cellule normale, qui peut être occupée par une autre détenue »3.​​ 

De l’autre côté, la question de la vétusté.​​

A à peine 40 ans, l’établissement pénitentiaire de Lantin vieillit mal.​​

En effet, la prison rencontre​​ notamment d’importants problèmes d’humidité, de moisissure dans les cellules, de pannes ou encore de mauvaise aération. Concernant les douches, « les détenus se plaignent fréquemment de leur difficulté d’accès. Même en période de canicule, ils ne​​ peuvent prendre une douche qu’une fois tous les trois jours, alors qu’il règne dans les cellules une température moyenne de 35° »4. Lors d’une de ses visites, le CPT, Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants a encore rappelé que « le niveau de prise en charge des patients placés à l’annexe psychiatrique était en dessous du minimum acceptable du point de vue éthique et humain »5.​​ 

Toutefois,​​ les travailleurs de l’Arbre ne comprennent pas que l’Etat fédéral n’ait pas envisagé d’alternatives. Selon eux, il s’agirait d’accroitre la capacité de l’établissement de défense sociale de Paifve et de la prison de Verviers pour délocaliser les détenus vers ces deux prisons afin de reconstruire ce qui est obsolète à Lantin et ainsi pouvoir ensuite y rapatrier les détenus.​​

Cela permettrait d’éviter les conséquences négatives sur l’environnement de Lantin.​​

Plus encore, l’existence de la ferme de l’Arbre​​ pourrait apparaître comme l’opportunité d’aller plus loin et de développer, avec l’administration pénitentiaire, un projet de réinsertion par le travail dans la ferme pour certains détenus en fin de peine.​​