oip@oipbelgique.be

Bruxelles, le 26 septembre 2025

En mai dernier le Dr Brecht Verbrugghe alertait l’Ordre des médecins et la ministre de la justice sur les manquements graves en matière de santé en prison, et plusieurs autres médecins pénitentiaires témoignaient dans les médias. Ce 12 septembre 2025, le Conseil national de l’ordre des médecins a examiné la problématique relative au respect de la dignité humaine et à la qualité des soins de santé dans les prisons, et émis mardi plusieurs recommandations : 

  • Le respect des droits du patient dans le contexte carcéral;
  • L’amélioration des conditions de travail et soutien professionnel des médecins pénitentiaires;
  • La mise en œuvre de lignes directrices de bonne pratique médicale garantissant des soins de santé de qualité en détention, en accordant une attention particulière à la déontologie médicale;
  • Le transfert des soins de santé en prison du SPF Justice vers le SPF Santé publique.

Nous saluons cette prise de position qui rappelle que l’organisation du système carcéral belge empêche de soigner. Cela a des conséquences graves et bien concrètes : sur les personnes détenues, sur les soignant∙es, mais aussi sur la société tout entière. Le droit à la santé s’applique à tous·tes, y compris derrière les murs des prisons. 

Une mise en oeuvre difficile

Le principe d’équivalence des soins, réaffirmé par l’Ordre des médecins, n’est défini ni dans ses recommandations, ni dans la loi de principes. Il ne fait l’objet d’aucune mesure concrète : les mutuelles ne sont pas en mesure de défendre les droits des patient·es incarcéré·es, il n’y a pas d’instance responsable à mobiliser en cas de dérives, ni aucun système formel de contrôle de la qualité des soins. Rien de cela ne permet au personnel soignant de travailler en veillant à la déontologie. Les personnes détenues ne sont pas reconnues comme patient·es et ne bénéficient pas des droits associés. Enfin, le transfert de compétences du SPF Justice vers le SPF Santé devra éviter les écueils observés en France et en Angleterre, où l’environnement carcéral et ses dérives continuent d’entraver les soins de santé. 

Santé en prison: un système à bout de souffle

Le Centre Fédéral d’Expertise des soins de santé dressait déjà le portrait d’un système à bout de souffle en 2017 : équipements non performants, manque de moyens matériels et humains, absence de lignes directrices de bonne pratique médicale en milieu pénitentiaire… Le centre fédéral conclut sans surprise à la nécessité d’une réforme majeure. 

Nous affirmons cependant qu’une approche réformiste ne peut rendre la prison compatible avec la dignité humaine. Les violations dénoncées ne sont pas des accidents : elles sont structurelles et rappelées depuis de nombreuses années par les rapports du CCSP et des acteurs de terrain.

La prison reste, réforme après réforme, un lieu de contrôle, de non-droit, de surveillance et de privation, incompatible avec les principes de la médecine, et plus généralement avec l’application des droits humains. Une réflexion radicale et plus large sur le rôle immoral que cette institution joue dans notre société est nécessaire afin de penser enfin à des alternatives à l’enfermement, fondées sur la justice sociale, la solidarité et la réparation.

Pour approfondir:

Pour toute information complémentaire:

Observatoire International des Prisons – Section Belge (OIP Belgique)