oip@oipbelgique.be
Mobilisation inédite – Pour une société sans prison : dénoncer l’échec de l’enfermement
Ce jeudi 2 octobre, dans un mouvement concerté entre les directions d’établissements pénitentiaires et les syndicats, une action inédite est organisée pour dénoncer la surpopulation carcérale et les conditions de détention inhumaines qui en découlent. L’Observatoire International des Prisons s’associe à cette mobilisation, en réaffirmant que la prison n’est pas une solution, elle est le problème.
Depuis des années, les politiques pénales belges s’enlisent dans une logique répressive qui alimente la surpopulation carcérale. La loi d’urgence n’a apporté aucun résultat : la population carcérale a atteint le seuil des 13.000 détenu·es, et 300 dorment à même le sol.
Arrêt de travail spontané devant toutes les prisons du royaume pour dénoncer la surpopulation
Depuis l’été, les détenus sont privés d’activités à Haren et ailleurs. Même les préaux ne sont pas garantis. Beaucoup de sections censées bénéficier d’un régime plus ouvert se referment. Le greffe et les services de la prison ne sont pas en mesure de suivre le flux des détenu·es. Les services d’aide aux justiciables rencontrent, jour après jour, des difficultés à répondre aux demandes d’aide, de soutien, de contact : tout est à l’avenant. Il ne reste pas grand chose du projet de réinsertion – pour peu qu’il y en ait eu un – et l’enfermement sans activités, avec un personnel à bout de forces, pave la voie aux violences dans les deux sens. Ces éléments fondent et expliquent le mouvement national de ce 2 octobre, de 12h30 à 14h30.
Un système aussi délétère pour les détenu·es que pour les travailleur·ses
Les conditions de travail et de détention sont étroitement liées. Les détenu·es sont privé·es de leurs droits fondamentaux et enfermé·es dans des conditions qui n’autorisent aucune perspective de réinsertion, tandis que le personnel pénitentiaire est exposé à des risques croissants et une pression insoutenable. Le système carcéral, par ses atteintes morales répétées et ses dysfonctionnements organisationnels, pousse beaucoup de membres du personnel à l’épuisement professionnel. Cela alimente le sous-effectif chronique et un turnover élevé.
Le cercle vicieux de la surpopulation
La surpopulation accentue tous les écueils de l’enfermement. Elle dégrade les conditions de détention, pourtant déjà inhumaines. Elle aggrave les dysfonctionnements systémiques et leurs conséquences : absentéisme, violence, mesures disciplinaires, mises au cachot, souffrance, absence de soins, allongement des délais.
Nous appelons à un changement radical de paradigme
Plutôt que de construire de nouvelles prisons ou d’élargir les dispositifs d’enfermement, il est urgent d’investir ces budgets dans la justice sociale, la solidarité et le soin. Il est temps de repenser notre rapport à la peine, à la justice, et à la sécurité.
L’abolition de la prison n’est pas une utopie : c’est une nécessité. Nous soutenons toutes les mobilisations qui dénoncent l’état actuel des prisons, mais nous affirmons que seule une remise en question profonde du système carcéral permettra de construire une société plus juste, plus humaine, et véritablement sécurisante.
Pour vous tenir informé·e de notre actualité, cliquez ici