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Le droit de garder des contacts avec le monde extérieur, de cultiver des liens sociaux et familiaux, est un passage obligé pour éviter tant bien que mal une rupture définitive entre le détenu et la vie en société… Mais ce droit est mis à mal par les prix exorbitants des communications en prison: 46€ pour une heure de communication 1. La possibilité de garder un contact avec le monde extérieur est ainsi engloutie par le manque d’argent, l’impossibilité de se constituer une certaine réserve financière par le travail en prison et parfois même par l’impossibilité totale de travailler en prison. Il est ainsi attendu des détenus qu’ils se servent de leur emprisonnement pour asseoir leur stabilité pour le futur sans que des outils ne soient mis à leur disposition pour ce faire. La boucle est bouclée, le serpent se mord la queue.

Dans son rapport 2016, la Direction générale des établissements pénitentiaires (DGEPI) consacre plusieurs pages à la lutte contre les GSM en prison sans prendre en compte la réalité de la situation. L’OIP dénonce le message trompeur que ce rapport projette et rappelle l’article 9§1 de la loi de principes concernant l’administration pénitentiaire ainsi que le statut juridique des détenus du 12 janvier 2005: “le caractère punitif de la peine privative de liberté se traduit exclusivement par la perte totale ou partielle de la liberté de mouvement et les restrictions à la liberté qui y sont liées de manière indissociables”.

Ailleurs dans le monde, certains défendent l’idée que les débats doivent prendre un tournant nouveau, et s’intéresser à la possibilité de laisser les détenus skyper leur famille sans pour autant se substituer aux visites réelles et régulières.

Monsieur le Ministre, ce n’est pas en ayant recours à des militaires dans des prisons que le maintien des conditions de vie des détenus à un niveau acceptable se fera2. Ce n’est pas non plus en renforçant le contrôle des GSM ou en construisant des mega-complexes carcéraux que les rapports humains seront renforcés. Il est temps d’entendre et de comprendre les besoins des détenus pour s’assurer convenablement du respect leur dignité et de leurs droits et pour enfin s’attaquer au problème carcéral dans sa globalité.

(publié le 12 août 2017)

  1. Tarif à comparer avec la rémunération du travail en prison oscillant autour d’un euro par heure, voir la notice de l’OIP 2016 page 115
  2. Voir dans le rapport annuel DGEPI 2016 « le mot du ministre » page 3