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Depuis quelques jours, les détenus des prisons de Marneffe et de Saint-Hubert sont confins en raison d’un certain nombre de cas de coronavirus.

Ces établissements pénitentiaires ont la particularité de fonctionner sous un régime communautaire semi-ouvert. En théorie, ce régime implique que tous les détenus sont encouragés à occuper un poste de travail ou suivre une formation qualifiante (horticulture, maçonnerie, ferme, atelier) pour se préparer ainsi à leur future libération. Des activités communes y sont également organisées.

Ces établissements sont ainsi composés de condamnés susceptibles d’être prochainement libérés. Afin de préparer leur réinsertion, ces détenus sont amenés à quitter régulièrement la prison en fonction de différentes modalités (sortie ponctuelles entre 18 et 36h, interruption de peine ou sortie de jour et incarcération la nuit).

Il apparaitrait que lors de leurs retours, les détenus n’auraient pas été systématiquement testés. Cette situation a engendré un confinement général qui impact gravement le fonctionnement de la prison.

Ainsi :

– Au sein d’une même cellule, des détenus testés « positifs » sont mélangés avec des détenus testés « négatifs ».

-Les détenus « positifs » ne peuvent plus sortir au préau que quelques dizaines de minutes par jour, ils ne peuvent plus participer aux activités, se rendre au travail et recevoir de la visite. Il semblerait que ces contraintes soient également imposées aux détenus pourtant « négatifs » mais incarcérés dans une cellule avec un détenu testé « positif ».

– Les détenus, à qui une quarantaine est imposée, se retrouvent dès lors confinés au sein de leur cellule 23 heures/24. Cette situation ne peut perdurer.

– Les détenus se retrouvent dès lors sans moyen de cuisiner leur propre nourriture, ni de téléphoner à leurs proches ou à leur avocat (les cellules de Saint-Hubert ne possèdent pas de téléphone).

– Les détenus se retrouvent également sans accès aux douches et doivent entretenir leur hygiène corporelle dans des conditions de promiscuité et matérielles peu respectables. Précisons également les toilettes sont au sein des cellules mêmes de telle sorte que les détenus font leurs besoins devant leurs codétenus.

– A l’heure actuelle, les détenus sont sans information concernant la réalisation ou non des sorties qui leur ont été octroyées de telle sorte qu’ils sont dans l’incompréhension de savoir ou non si celles-ci vont pouvoir se réaliser.

– La situation notamment de l’aile 8 de la Prison de Saint-Hubert est particulièrement inquiétante. Cette aile est une aile « infirmerie » et est donc composée de détenus à la situation de santé fragile. Certaines cellules « duo » sont occupées par trois détenus qui se retrouvent confinés dans un espace plus que réduit. Ils éprouvent de grandes difficultés à trouver le sommeil dans cette situation et se plaignent d’être à bout.

Cette situation ne peut perdurer et elle est manifestement contraire à la loi du 12 janvier 2005 qui règle les droits et obligations du détenu pendant sa détention.

Depuis le début de l’épidémie, tant l’OIP que différentes autorités sanitaires ont insisté sur le risque de maintenir un grand nombre de personne en détention.

Lors du premier confinement, la surpopulation carcérale avait été réduite grâce à des interruptions de peines ordonnées par le ministre. Ce choix avait permis d’alléger la pression sur certaines prisons, sans effet néfaste sur la société.

L’OIP déplore que, malgré l’annonce de la quatrième vague depuis des mois, il n’ait pas été possible d’éviter la situation vécue à Marneffe et à Saint-Hubert, notamment en prenant des mesures d’interruption de peine. Cette situation impacte considérablement les conditions de détention et entrave les possibilités de réinsertion des détenus