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Un extrait du journal télévisé de la première du lundi 12 avril 2021 (à revoir ici) a été consacré aux soignants intervenant en prison pendant la crise sanitaire.

On peut y voir une infirmière expliquer l’importance du rôle fondamental des soignants en prison, prodiguer des soins à un détenu et distribuer des médicaments.

Peut-on encore croire que dans les prisons belges, il y ait encore des infirmier.es qui ont le temps d’être à l’écoute et de distribuer eux-mêmes des médicaments ?

S’il est évident que les efforts considérables du personnel soignant en prison doivent être salués et soulignés (particulièrement en temps de crise), il n’en demeure pas moins que l’OIP est interpellée par certains reportages dépeignant une situation carcérale fort éloignée de la réalité vécue par les personnes détenues et leurs proches.

Les constats en la matière sont pourtant nombreux.

Ainsi l’OIP dénonce depuis longtemps la surcharge de travail et les conditions matérielles dans lesquelles doit travailler le personnel soignant qui, pour ces raisons, est rarement celui à qui incombe la distribution des médicaments, tâche trop souvent assumée par des agents pénitentiaires eux-mêmes débordés et sans formation médicale.

Le reste du personnel médical (psychologues, généraliste, dentiste,…) est également soumis à des conditions de travail extrêmes, devant parfois examiner entre 20 et 50 détenus en deux heures pour des consultations n’excédant pas 6 minutes.

A titre d’exemple, à la prison d’Ittre, objet du reportage, un psychologue travaille seul à temps plein pour les 420 détenus mais également… pour tous les détenus de la prison de Nivelles.

Le temps d’attente pour une consultation peut avoisiner les douze mois entrainant nécessairement des retards de diagnostics et de traitement[1].

Le droit à la santé des détenus est largement et régulièrement mis en péril.

Une des principales missions de l’OIP est d’informer sur les conditions de détentions dans les établissements pénitentiaires en Belgique. Il est en effet primordial que tant les citoyens que le monde politique disposent d’informations exactes et précise sur ce qui se joue derrière les barreaux.

L’OIP s’indigne qu’un média à grande audience comme la RTBF diffuse un reportage qui propose une vision à ce point transformée et idéalisée d’une réalité au contraire dramatique.

Une attention toute particulière des médias devrait pourtant être portée actuellement aux détenus, population déjà fragilisée en temps normal, et pour qui la crise sanitaire a des conséquences bien plus lourdes encore que pour les citoyens libres.

[1] Voir en ce sens : Notice OIP 2016, page 178 et 179, accessible sur le site suivant : https://www.oipbelgique.be/files/uploads/2020/02/Notice-2016.pdf