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À ce jour et en raison des mesures exceptionnelles liées à la crise sanitaire, nous avons tous un point commun avec les personnes détenues : nous sommes tous, d’une certaine manière, privés de liberté.

En prison, les mesures d’hygiène et de distanciation sociale qui sont pourtant obligatoires et imposées par le gouvernement ne sont pas respectées. Il faut rappeler que les personnes détenues :

  • Vivent dans une grande promiscuité (parfois à 3 dans 9m2, ce qui rend la distanciation sociale impossible) ;
  • Sont enfermés 23h/24h ;
  • Ne travaillent plus (sans aucune indemnité) ;
  • N’ont plus d’activités du tout hormis une sortie au préau qui est limitée ;
  • Vivent dans des établissements parfois vétustes, dans lesquels aucun nettoyage spécifique n’a été prévu ;
  • Ne disposent pas des produits d’hygiène nécessaires ;
  • Reçoivent de la nourriture en qualité et quantité insuffisantes ;
  • N’ont parfois plus accès à la cantine, ou à des prix exorbitants ;
  • Voient l’accès à leurs avocats ou à un médecin fortement se compliquer ;
  • N’ont plus droit à aux visites ;
  • Sont parfois déplacés en groupe dans un fourgon pour aller au tribunal ;
  • Sont en contact constant avec le personnel pénitentiaire lequel effectue les fouilles corporelles et les fouilles de cellules et ne portent pas toujours les masques adéquats ;
  • Sont également en contact avec des membres de la police ou d’autres membres de la prison qui rejoignent leurs familles à l’extérieur ;

La crise sanitaire ne fait qu’aggraver une situation déjà précaire. Elle mènera nécessairement à des tensions et des incidents plus graves si rien n’est entrepris pour les protéger eux aussi de cette maladie infectieuse.

Tant le Conseil de l’Europe, le Haut-Commissaire de l’ONU, le CPT, l’OMS, le CCSP que de multiples associations et ONG sont unanimes : pour éviter la propagation du COVID19 il convient de réduire considérablement et drastiquement la population carcérale.

Marc Nève, le président du Conseil central de surveillance pénitentiaire précise à cet égard qu’ :

« Il est indispensable de recommander de réduire la population pénale à un niveau qui ne soit pas supérieur à la capacité d’accueil de chaque prison en proposant, adoptant ou suscitant toute mesure utile pour limiter drastiquement les entrées et favoriser les sorties de prison. »

Pour l’Observatoire international des Prisons, il est indispensable que nos responsables politiques prennent la mesure de la gravité de la situation et mettent en place, sans délais, les mesures adéquates.