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Le personnel, qui crie son mécontentement depuis longtemps, ne se sent pas entendu et la surpopulation actuelle, le manque d’effectifs ainsi que les quarantaines les ont décidés à déposer un préavis de grève il y a plusieurs jours.

Dès lors, depuis le 2 novembre, la prison travaille en service a minima, réduisant à néant les droits les plus élémentaires des détenus : pas de visites des proches, pas de possibilité de soins aux détenus et en particulier les internés (« soigner » un détenu via le guichet n’est pas adéquat), pas de possibilité pour les services sociaux d’entrer en prison, distribution de médicaments retardée, quelques préaux mais la prison est alors en strict pendant ceux-ci, aucune hygiène possible (apparemment très peu de détenus ont pu aller à la douche, pas de distribution de raclette ni seaux),…

Si certaines revendications des agents paraissent légitimes (réduction de la surpopulation, augmentation du nombre et de la formation du personnel, augmentation de l’équipe médicale, rachat de matériel hygiène, couvertures, chaises,…), d’autres sont interpellantes : les agents demandent notamment que la prison soit en régime strict chaque jour pour que les agents puissent manger tous ensemble et également pour que les agents puissent bénéficier de pauses régulières, ils demandent dès lors qu’à ces moments les avocats ou autres services ne puissent entrer au sein de la prison ; ils souhaitent plus de sévérité dans les sanctions disciplinaires ; ils veulent que les services externes n’entrent plus dans les ailes, que les membres du SPS voient les détenus par les guichets et non plus dans des bureaux s’il n’y a pas assez d’agents dans les ailes,…

Malheureusement, le pilote ( M. le Directeur Van Poecke) a, pour cette semaine, quitté l’établissement…

Par chance, le CPT (Comité de prévention contre la torture et les traitements inhumains et dégradants du Conseil de l’Europe) visite justement la Belgique et a notamment constaté cette semaine la situation à Saint-Gilles.

On sait que le CPT est préoccupé depuis longtemps par la mauvaise gestion des grèves au sein des prisons belges. Le Comité ne pourra que constater l’absence d’amélioration de la situation.

Au-delà des constats relevés quant à la violation des droits des détenus et de la nécessité de dénoncer ces situations particulièrement choquantes en temps de grève, l’OIP est convaincu que la réforme de la prison ne pourra jamais aboutir à une incarcération qui ait un sens ; la prison ne permet ni d’améliorer un individu, ni de le réinsérer, ni de le faire « réfléchir », ni de le soigner…. et qui croit encore que mettre quelqu’un en cage – quel que soit l’état de cette cage – le rendra inoffensif ?

La prison ne permet aucunement la normalisation, notion selon laquelle les détenus devraient vivre « comme » à l’extérieur, hormis la perte de la liberté d’aller et venir.

 

En attendant les changements des mentalités, l’OIP ne peut que dénoncer une fois encore les conditions de vie actuelles des détenus, violant leurs droits humains les plus élémentaires.