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La qualité des relations entre un détenu et sa famille permet de réduire l’impact négatif de l’incarcération et contribue également à sa réinsertion. Pourtant, les dispositions en la matière ne favorisent pas toujours le contact des détenus avec leurs proches et le monde extérieur.

Construits en dehors des centres-villes, les établissements les plus récents sont difficiles d’accès et isolent davantage les détenus1. A l’éloignement vient s’ajouter le problème des transferts. Rappelons que les détenus ne bénéficient d’aucun droit quant au choix de l’établissement dans lequel ils devront purger leur peine. Les transferts dépendent uniquement de l’arbitraire de l’administration pénitentiaire2, qui privilégie les prisons dans lesquelles quelques places restent disponibles. Peu importe alors la distance avec le domicile familial. Les familles, souvent précarisées, se déplacent fréquemment en transport en commun et doivent effectuer des trajets parfois coûteux et longs. A titre d’exemple, une famille bruxelloise qui souhaite rendre visite à un parent incarcéré à Andenne ou à Lantin doit compter environ 2h30 de trajet et trois moyens de transport différents.

De plus, transfert est synonyme de démarches administratives. Les listes de visiteurs autorisés mettent parfois des semaines à atteindre la nouvelle prison. Le détenu se retrouve alors privé de visites durant tout ce délai.

Au-delà des visites « classiques », d’autres sont spécifiquement organisées pour les enfants dans la plupart des établissements par le Relais Enfants-Parents3 Les volontaires du programme Itinérance de la Croix-Rouge proposent un accompagnement du domicile au lieu de détention de leur parent. En 2016, ils ont ainsi rendu 1.406 visites possibles, avec des trajets moyens de 160 kilomètres aller-retour. Au temps du trajet s’ajoute celui de l’attente, dans des locaux exigus, souvent non adaptés à la présence de jeunes enfants. Après avoir passé les portiques de sécurité, une demi-heure s’écoule souvent avec que l’enfant et son parent ne puissent se retrouver.

Même s’il s’agit d’un droit pour l’enfant de conserver des relations avec ses parents, il n’en demeure pas moins que leurs visites ne sont pas toujours garanties. L’OIP dénonce l’arbitraire qui existe parfois en la matière : pour une carte d’identité oubliée ou dix minutes de retard (même annoncé), ils peuvent se voir tout simplement refuser la visite.

Si les listes d’attente auprès du Relais Enfants-Parents sont parfois longues (jusqu’à une à trois semaines de délai), ce service est essentiel pour assurer le maintien de liens entre les détenus et leur famille. Sans l’investissement et les fonds du monde associatif, bon nombre de détenus seraient privés de toute visite familiale. Or, cultiver ces relations permet de lutter contre l’isolement tant social qu’affectif qui découle de l’incarcération, mais contribue aussi à la réinsertion sociale ultérieure.

Enfin, l’OIP souligne qu’il est fréquent qu’un détenu faisant l’objet d’une sanction disciplinaire soit privé de son droit de visite. Si le droit est reconnu aux instances disciplinaires de punir un détenu en raison de son comportement, il convient d’éviter que les relations familiales soient considérées comme une faveur, et non comme un droit.

(publié le 21 août 2017)

  1. Voir notice 2016 de l’OIP page 42
  2. Voir notice page 135
  3. Voir notice page 111