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Depuis plusieurs mois, les détenus de l’annexe psychiatrique de Lantin sont privés de soins adéquats. La Commission de surveillance de Lantin dénonce une situation particulièrement préoccupante.

Les autorités ont été interpellées par la Commission mais n’ont pas donné suite à cette alerte. La Commission a donc choisi de s’exprimer publiquement sur la situation actuelle. Un appel relayé par le journal Le Soir, en libre accès.

« Sous-effectif à tous les étages, retards dans le traitement des dossiers, détenus en surpopulation, en particulier à l’annexe psychiatrique : la prison de Lantin est dans un état préoccupant » s’inquiète la Commission de surveillance.

C’est avant tout le « manque criant de personnel soignant à l’annexe psychiatrique » qui est dénoncé, et le manque de soins adéquats des détenus qui en résulte. Le droit à la santé est pourtant assuré tant pour les détenus que pour les internés par la législation belge.

Les médecins opérant à Lantin ont dénoncé des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. Avec une équipe réduite, « décimée », ils ne sont plus capables d’assurer une prise en charge correcte des internés. Aujourd’hui, ils sont quatre psychiatres, pour cinq demi-journées de consultation par semaine, sans psychologue ni infirmière psychiatrique. Un encadrement largement insuffisant pour suivre près de cinquante détenus présents à l’annexe.

La convention conclue entre le SPF Justice et le service psychiatrique de l’hôpital de la Citadelle a donc été rompue. Le préavis arrivera à échéance au mois d’avril.

En plus d’un personnel soignant en sous-effectif, c’est aussi le staff administratif de la prison qui est réduit, pointe la Commission, suite à la décision de non-remplacement des départs. Ce qui entraine un retard dans le suivi des dossiers, et donc, un retard dans les prises de décisions.

« Un leurre de sécurité et un obstacle à la réinsertion sociale »

En outre, la Commission de surveillance souligne que la population de ces annexes ne cesse d’augmenter, mais que « la plupart des détenus de l’annexe psychiatrique n’ont rien à y faire ». Fin 2017, ils étaient 49 au sein de l’annexe. Pourtant, seulement 6 d’entre eux étaient en observation judiciaire, soit la seule raison pour se retrouver en annexe psychiatrique. Les autres internés étaient pour la plupart en attente de placement en EDS, aujourd’hui complétement saturés. Sept cas restant se retrouvaient dans cette section car « jugés ingérables dans les autres départements de la prison ». 

La Commission dénonce cette situation, relevant d’une totale aberration, qui « illustre une fois de plus l’échec de notre stratégie carcérale actuelle et de sa politique sécuritaire, la prison étant non seulement un leurre de sécurité mais également un réel obstacle à la réinsertion sociale ». Elle plaide pour la mise en place de sanctions hors des murs, pour « des plans de réinsertion individualisés, des peines alternatives, des prisons ouvertes, des maisons de transition ou des centres psychiatriques spécialisés ».

Enfin, la Commission rappelle que la situation alarmante que connaissent les annexes psychiatriques et les soins de santé est régulièrement dénoncée. Notamment par l’OIP dans sa notice (pages 199 et suivantes), mais également par le CPT et par le récent rapport du KCE, entre autres.

« Nous implorons une analyse urgente de la situation, pour débloquer les fonds nécessaires à une prise en charge professionnelle de tels détenus, sinon à leur libération provisoire pour raison médicale avec une hospitalisation en milieu psychiatrique pour les cas qui le requièrent », conclut la Commission.