oip@oipbelgique.be

A l’occasion des journées de la prison, l’OIP dénonce le manque de courage politique des élus qui refusent de réformer une institution coûteuse et vouée à l’échec.

Aujourd’hui plus que jamais, la peine de prison est devenue le référent ultime de toute politique criminelle ; une sorte de jalon à l’égard duquel toute autre initiative est mesurée.

A cet égard, l’usage de l’expression « peine alternative de prison » est emblématique, comme si, à tout instant, il ne fallait pas perdre de vue que la prison devait rester la norme et que le reste n’était que faveurs.

Elle est systématiquement présentée comme cette espèce de filet de sécurité que l’on tend derrière toute alternative, parce qu’au cas où, il faut bien protéger la société.

C’est vrai, il faut protéger la société et l’équilibre de la vie en communauté.

En choisissant la prison comme seul horizon de réflexion, certains ont fait le pari que l’isolement d’un individu entre quatre murs (ou la souffrance qui en découle) permet de le neutraliser.

Ainsi l’individu s’adapterait à la vie en société précisément en en étant exclu.

Plus de 200 ans après l’institutionnalisation de la prison, les résultats de ce pari sont catastrophiques.

Personne n’est aujourd’hui capable de démontrer l’efficacité de la prison.

Au contraire, il est démontré de façon incontestable que la prison ne fonctionne pas.

Elle ne dissuade pas ceux qui s’apprêtent à commettre une infraction et n’empêche pas ceux qui commettent cette infraction de recommencer à leur sortie.

Les personnes détenues sortent un jour de prison.

Or, la prison amoindrit tout espoir de réinsertion.

Ceux qui rentrent en prison perdent tout contact avec leur tissu social, avec la réalité, avec leurs responsabilités, avec le monde du travail ou de l’enseignement.

Les prisonniers sont vidés de tout ce qui leur permettrait de sortir de la délinquance. Un entourage, des responsabilités, une formation solide ou un travail.

Trop souvent, les personnes emprisonnées sortent seules, sans formation, sans travail, sans proche pour les aider.

La seule chose qu’on leur laisse c’est ce qu’ils ont appris « au trou » et les gens qu’ils y ont rencontrés.

Et puis il y a l’humiliation, due notamment aux conditions de détention d’un autre siècle (vivre à trois dans 9 mètres carrés, sans séparation réelle pour les toilettes,…), qui entraîne la dépression, la mésestime de soi, la colère…Rien de très positif pour reconstruire une vie positive à la sortie.

Bien sûr, on peut penser qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent, ces 12.000 détenus qu’on entasse dans nos prisons (dont de plus de 1000 malades mentaux, des toxicomanes,…).

Mais finalement, n’est-on pas capable de voir au delà ?

Devons nous-nous satisfaire d’un système où l’on s’entête à investir des sommes colossales dans une institution inefficace, qui ne réinsère personne ?