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Ce lundi 21 novembre, Hamza, 24 ans, est décédé.

Incarcéré depuis la veille à la prison de Saint-Gilles, il a mis le feu à son matelas et est mort des suites de ses blessures.

Ce drame révèle de manière cruelle les dysfonctionnements du système des mises en observation et la dangerosité de l’incarcération de personnes qui ont en réalité besoin de soins.

En Belgique, une personne peut être mise en observation et donc faire l’objet d’une hospitalisation de force lorsque plusieurs critères sont réunis : la personne souffre d’une pathologie mentale, elle représente un danger pour elle-même ou pour autrui et aucune autre mesure ne peut être envisagée parce que la personne refuse de se soigner.

 

En l’espèce, Hamza s’était présenté dimanche dans un hôpital d’Anderlecht en proférant des menaces.

Mais plutôt que de faire l’objet d’une mise en observation, et donc être hospitalisé pour bénéficier de soins adaptés, c’est sous mandat d’arrêt qu’Hamza a été placé.

Il s’est donc retrouvé incarcéré à la prison de Saint-Gilles (dont il est inutile de rappeler le délabrement), sans pouvoir bénéficier des soins appropriés.

De trop nombreuses personnes sont considérées par les médecins comme ne présentant pas de pathologies mentales, comme étant compliantes à un traitement (sans que cette compliance ne soit réellement analysée), ou comme présentant un profil « ingérable » en psychiatrie et sont donc évincées de la procédure de mise en observation.

 

Elles risquent alors, comme Hamza, de faire l’objet d’un placement sous mandat d’arrêt.

 

Les médecins qui voient ces patients en détresse ne connaissent souvent pas les réalités du système de l’internement pénal : si la mise en observation est refusée et qu’une incarcération s’en suit, la personne ne bénéficiera pas des soins appropriés.

 

Ce drame semble être la conséquence d’un système de soins traditionnels qui dysfonctionne.

 

La prison n’est pas une institution qui permet de soigner.

La Belgique est condamnée régulièrement par la Cour européenne des droits de l’homme en raison du temps que passent de nombreux internés dans les annexes des prisons, attendant une place en établissement de soins. C’est dire que la prison abime, mais qu’elle ne soigne pas.

Comme Hamza, de trop nombreuses personnes en détresse psychologique finissent en prison alors qu’ils ont besoin de soins.

La lumière doit être faite sur les dysfonctionnements des procédures de protection des personnes souffrant de maladie mentale.

 

L’OIP insiste pour que les procédures de mise en observation et le cadre de leur mise en place soient évalués.

L’OIP rappelle qu’en aucun cas la prison n’est un lieu de soin.

L’OIP condamne l’incarcération des personnes présentant des signes de maladie mentale.